09/16/2022

5 questions à Marie-Hélène Miauton

Une page importante s’est tournée le 10 mai 2022 : Marie-Hélène Miauton, co-fondatrice de MIS Trend, a quitté la présidence de notre conseil d’administration. Quarante-quatre ans après la création de l’institut, elle revient sur son histoire à travers 5 questions.

1. Qu’est-ce qui a inspiré la création de MIS Trend il y a 44 ans ?

L’objectif était de fonder un institut de sondage qui apporterait vraiment une valeur ajoutée technologique. J'avais constaté que les procédures de recueil des données par questionnement en face à face, seul moyen à l’époque avec l’autoadministré, n’assuraient pas toute la fiabilité voulue. Pour y remédier, Philippe Miauton, informaticien de son état, et moi qui sortais d’un master en économie de HEC Lausanne, avons conçu un système de prise d’information téléphonique assisté par ordinateur. Cette technique commençait à poindre aux USA mais pas encore en Europe. La Suisse s’y prêtait bien grâce à sa large couverture téléphonique, permettant de composer des échantillons à partir d’un univers presque exhaustif. Nous avons ainsi réussi à améliorer les études de marché et les sondages d’opinion aussi bien en termes de prix, que de qualité et de rapidité.

 

2. Quels sont les faits marquants qui ont rythmé l’histoire de MIS Trend jusqu’ici ?

Depuis le premier mandat d’envergure acquis en 1982, qui portait sur la surveillance du marché du tabac en Suisse, jusqu’à notre étude-phare actuelle, la réalisation annuelle du Panel suisse des ménages, bien des péripéties ont marqué la société. Elles découlaient des évolutions informatiques qu’il s’agissait de suivre à un rythme exigeant des investissements incessants, trop lourds pour une entreprise débutante. Mais, grâce aux banques (il convient de les remercier de temps en temps), à notre ténacité et à la fidélité de nos clients, MIS s’est développé et continue de tenir le cap après plus de quarante ans ! 

 

3. Comment le secteur a-t-il évolué depuis la création de l’entreprise ?

Pour notre secteur, Internet a été une révolution. Autrefois, les entreprises étaient coupées de leurs clients et les instituts de sondage comme le nôtre jouaient un rôle d’interface. Aujourd’hui, elles ont des moyens d’interagir avec leur public grâce à des échanges par Internet et par les réseaux sociaux. Malheureusement, il s’en est suivi un certain amateurisme et un usage parfois erroné des résultats obtenus. C’est ainsi que l’accent qui était mis il y a quarante ans sur la qualité de la prise d’information s’est amoindri, et que la pression sur les prix est devenue toujours plus grande.

 

4. Quels seront les défis de MIS Trend à l’avenir ?

Les défis restent technologiques puisque le recueil des données auprès du public change du tout au tout. MIS Trend qui s’était lancée grâce à une technique nouvelle doit donc continuer à s’adapter et à innover, sans perdre toutefois sa culture axée sur la fiabilité des réponses.

Un autre défi tient à la mondialisation. Les entreprises internationales pour lesquelles nous travaillons s’intéressent de moins en moins au marché suisse, bien petit il est vrai, et renoncent parfois à le tester. Certaines s’adressent en outre à de grands instituts pour réaliser leurs études sur l’ensemble de la planète. C’est un leurre, car aucune technique, aucun questionnaire, aucune analyse subséquente ne peuvent être standardisés. L’Europe, et la Suisse en particulier, demande des procédures qui sont profondément différentes de celles qu’il faut appliquer en Afrique ou en Asie. À nous d’en convaincre nos clients !

 

5. Comment avez-vous vécu votre départ du Conseil d’administration de cette entreprise que vous avez créée ?

J’ai l’habitude d’aller de l’avant plutôt que de regarder derrière moi. Dès lors, une fois la décision prise, tout s’est passé dans une réelle harmonie. Il faut dire que j’avais cédé les actions de la société il y a plus de dix ans déjà, que les cinq actionnaires-directeurs actuels avaient toute ma confiance, de même que le nouveau président qu’ils s’étaient choisi.

Il est normal que les pages se tournent : celle-ci a été parsemée de petits revers et de grands succès. J’ai finalement le sentiment de laisser derrière moi une entreprise pérenne, dont l’objectif de qualité et l’éthique irréprochable sont largement reconnues.

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